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Carnet de route d'un UPjiste -Un hiver indien - 14 - Le sommeil, c'est sacre pour une vacheJOUR DE FETE À BAGESHWAR

Bageshwar est une agréable petite ville se trouvant au fond d'une vallée qui se situe au confluent de la Gomti et de la Sarju. C'est une ville où tout au long de l'année des pèlerins indiens viennent se recueillir dans l'ancien Bagnath Temple, un temple de pierre consacré au dieu Shiva, ornés d'impressionnantes sculptures. Important carrefour de transport, cette agglomération possède aussi des ghats (marches au bord de la rivière) où le pèlerin vient y faire ses ablutions. Des crémations ont lieu à l'endroit où les deux rivières se rencontrent, l'eau et le feu sont deux symboles indissociables de la vie religieuse de l'hindoue, depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Qui dit pèlerins, dit aussi « marchands du temple », plusieurs bazars sont éparpillés dans toute la ville.

Ce que j'ignorais en arrivant à Bageshwar, c'est que la ville était en ébullition, car avait lieu l' « Uttrayani Mela Festival » une des plus importantes fêtes qui se déroule chaque année à la fin janvier. La ville était envahie par des milliers de personnes venant de tous les coins de la région. Les marchands avaient installé leurs étales partout dans la ville tandis que les bords de la rivière étaient squattés par une centaine de camelots qui avaient étalé leurs babioles partout où le terrain le permettait. On avait aménagé deux ponts pour rejoindre l'autre rive, contrôlée par la police, qui réglait le mouvement de foule qui s'agglutinait dans le désordre pour se rendre au « Luna Park » où les diverses attractions foraines les attendaient. Se déplacer dans cette multitude était particulièrement difficile.

Après avoir trouvé une chambre à l'hôtel Annapurna, (300 roupies, 4,80 frs) je suis allé faire un tour dans cette foire. Inutile de dire qu'une des grandes attractions de cette fête ce fut moi. Seul touriste étranger au milieu de ces milliers d'indiens, je ne suis pas passé inaperçu. Beaucoup d'Indiens voulaient se faire photographier en ma compagnie. On m'interpellait de partout, me demandant: «You comme from ?», « Switzerland », « Oooh ! Switzerland, very beautiful country». Les plus jeunes se moquaient de moi, les vendeurs voulaient me vendre leurs camelotes et les saddhus me courraient après me demandant « bakchich ! bakchich ! ». Par contre une chose m'a étonné, parmi toute cette masse, je n'ai vu qu'un mendiant qui se trouvait devant l'entrée du temple de Bagnath, qui ne quémandait même pas l'aumône, se contentent d'attendre qu'on lui donne une piécette dans le bol qui se trouvait devant lui.
En fin de compte j'étais heureux de me trouver dans cette foule bariolée, m'amusant de les voir s'amuser, de me dire qu'ils en ont de la chance de pouvoir encore se divertir avec cette candeur qui leur est propre. Mais pour combien de temps ? Leurs enfants, ont déjà un pied dans ce monde illusoire du marché de consommation dans lequel, nous autres occidentaux, avons vendu nos âmes au diable !

« Mais il doit apprendre qu'accumuler n'est pas réaliser. Ce qui le révèle à lui-même, c'est la lumière intérieure, et non les objets extérieurs. » Rabindranâth Tagore

Le lendemain, je suis retourné voir les attractions au « Luna Park »; il y avait moins de monde que la veille. Les fêtes foraines indiennes, c'est quelque chose d'incroyable. Moi qui viens d'un pays où pour ce genre d'activité les contrôles de sécurité sont d'une rigidité maladive, ici, en Inde, un fonctionnaire de l'Etat du canton de Vaud responsable de la sécurité, s'il voyait l'état des différents manèges, il demande immédiatement sa retraite anticipé, retire son deuxième pilier, va s'acheter un appartement dans les montagnes valaisannes pour pouvoir promener son chien qui laisse des merdes partout dans la rue du vieux village, pendant que sa femme regarde à la télé « Top Modèle » en se demandant si Brook, la quarantaine passée, enceinte du mari de sa sœur, va avoir une fille ou un garçon, ou peut-être des jumeaux.
Je suis moi-même sidéré par l'état du matériel sur lequel les indiens se divertissent. Et pourtant ça tourne, ça grince, mais ça tourne, ça branle, mais ça tourne, c'est rouillé, mais ça n'empêche pas de tourner. Il y a des forains qui ont des génératrices pour faire tourner leurs installations, d'autres qui sont branchés sur le réseau électrique de la ville. Comme il y a souvent des pannes de courants, ceux qui sont branchés sur le réseau, font moins d'affaires, car ils ont leurs attractions souvent immobilisées. Les gosses déjà installés, attendent que ça démarre ! Au bout d'un moment les parents perdent patience et retirent leurs enfants du manège demandant à être remboursés. Et c'est le commencent des palabres avec le forain. Les plus heureux sont ceux qui ont des manèges pour les petits, les carrousels n'ont pas de moteur, donc ils les tournent à la main, comme ça au moins ils ne risquent pas de tomber en panne.

J'ai eu envie à un moment donné de trouver un lieu calme. Je suis donc allé me promener sur la colline qui domine la ville et sur laquelle se trouve un temple. En montant, j'ai rencontré des policiers qui surveillaient à la jumelle le secteur où se déroulait la fête. Ils surveillaient d'éventuels trafiquants ou fauteurs de troubles, en les signalant à leurs collègues qui se trouvaient dans la foule.
Je me suis assis près du temple où l'on pouvait admirer une partie des majestueuses montagnes himalayennes, appréciant le calme qui régnait autour de moi. Ensuite je suis retourné à l'hôtel.
Durant une panne d'électricité, je suis descendu boire un chai dans le dhaba juste à côté de l'hôtel. Je regardais la colline où l'après-midi j'étais allé me promener. Une vingtaine de rapaces tournoyaient au-dessus de l'endroit où j'avais contemplé les montagnes, j'étais intrigué par le comportement de ces oiseaux de proie. Les indiens se sont mis eux aussi à regarder la colline en pointant leurs doigts en-dessous du vol des rapaces : un léopard des neiges et deux de ses petits venaient d'apparaître furtivement.


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