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Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 3 - Scène de rue au petit matin à Paharganj Bazar.DELHI « CÅ’UR DE L'INDE »

Après une escale de 2 heures à Abu Dhabi, le vol EY 218 de la compagnie Etihad Airways atterrit à 3 heures du matin sur l'aéroport Indira Gandhi International de New Delhi. Après les formalités douanières et la récupération des bagages, je prends le taxi qui m'attendait pour m'emmener au Metropolis Hôtel à Paharganj Bazar.

Se retrouver à nouveau à Delhi, quel bonheur ! Je déteste les villes, je déteste le brouhaha de la circulation, je déteste toute l'agitation urbaine, je déteste ces odeurs de pollution et Delhi c'est tout cela réunis, dans un même paquet surprise. Et pourtant, j'aime me retrouver dans cette ville chaotique et bordélique surtout du côté de Old Delhi, ancienne capitale du prestigieux empire moghol.
Quand vous débarquez la première fois dans cette métropole vous ne pouvez pas comprendre ce chaos où le « klaxon » règne en maître. Delhi vit à 100 à l'heure, et nous, petits suisses, qui avons l'habitude de vivre propre en ordre et où il n'y a pas le feu au lac, sommes dépassés par ce que nous découvrons devant nos yeux hagards. Dans cette ville, chacun fait à peu près ce qui lui plait, chacun marche où bon lui semble, chacun essaye d'avoir la priorité sur l'autre et on se demande si le code de la route existe. La cohabitation entre les voitures, les cars, les camions, les motos, les scooters, les rickways, les rickshaw, les chars à buffles, les dromadaires, les vaches sacrées désacralisées dans cette circulation, et même de temps en temps un éléphant marchant sur le bord de la route, relève du miracle. Bernadette Soubirous, ici, serait passé inaperçue. Alors que votre tête, est prête à exploser dans ce vacarme assourdissant, vous apercevez sur le trottoir, à même le sol, des indiens qui font tranquillement la sieste sans se soucier le moins du monde de ce qui se passe autour. Mais le fin du fin, sans doute l'apothéose d'une journée bien remplie, c'est quand vous voyez à l'arrêt d'un feu rouge, un indien accroupi, le cul à l'air, poser une « pêche bien épicée » dans le caniveau le plus naturellement du monde. J'aime cette anarchie ! Que ça fait du bien ! Un militant UDC ou un mec du Front National, certainement, ne survivrait pas 2 jours à Delhi.

Delhi doit se prononcer Dilli (en ourdou), mot qui signifie « séductrice des cœurs » ou alors le « cœur » lui-même.
Il y a des centaines d'années, les empereurs hindous l'avaient baptisée Hastinpore, ou la « Cité des Eléphants ». C'est ici que se voyaient les plus grands rassemblements d'éléphants de l'Inde : ils affluaient à Delhi, portant sur leur dos des centaines de chefs hindous et tous les vassaux des empereurs, venant rendre hommage à leur souverain. Lorsque plus tard, en 1526, les empereurs moghols y construisirent leur capitale, ils l'appelèrent « Le Cœur ».
En 1857, le vieil empereur moghol, Bahadur Shah Zafar, dont le palais était au Fort Rouge décide de soutenir la révolte des cipayes. La révolte des cipayes, mutinerie de soldats indigènes réprimée dans le sang par les Britanniques, joua un rôle charnière : la violence de la répression laissa des traces indélébiles chez les Indiens et entraîna un durcissement de la politique sociale des Britanniques.
Les mutins venaient pour l'essentiel, des hautes-castes de la vallée du Gange, qui constituaient alors l'essentiel de l'armée britannique. L'incident déclenchant a été la distribution d'un nouveau type de cartouche qu'il fallait déchirer avec les dents, dont la rumeur disait qu'elles étaient enduites de graisse animale, donc taboues pour les hindous.
Après avoir réprimé le soulèvement, la Couronne britannique exila le vieil empereur moghol, devenu la figure de proue des insurgés, et transféra la capitale indienne à Calcutta.
En 1911, l'Empire britannique des Indes déplacera à nouveau sa capitale de Calcutta à Delhi. La décision fut officialisée lors d'une visite du roi Georges V et de la reine Mary, qui venaient d'accéder au trône. Georges V rêvai d'une capitale impériale et moderne, dotée de larges avenues et tout entière construite à la gloire de la puissance colonisatrice. Elle mettra près de deux décennies à sortir de la terre et sera baptisée New Delhi (« la nouvelle Delhi »). Aujourd'hui encore, elle est la capitale de l'Union indienne, indépendante depuis 1947, et le centre névralgique de l'administration et de la politique nationale.

Mais pourquoi je vous parle de Bahadur Sha Zafar, ce vieil empereur moghol, qui vivait au Fort Rouge et qui fut exilé par les Britanniques ?
Et bien ! Si vous passez par Dehli lors d'un voyage en Inde, allez faire un tour au restaurant « Karim » qui se trouve non loin de la grande mosquée Jama Masjid dans le vieux Delhi. Zahooruddin, âgé de 80 ans, est le directeur de ce restaurant emblématique créé par Karimuddin, son grand-père. Le Restaurant « Karim » perpétue les traditions de la cuisine moghole. Les recettes, gardées secrètes, s'y transmettent uniquement de père en fils.
Le père de Karimuddin, Mohamed Aziz aurait été employé dans les cuisines royales de Fort Rouge. Lorsque le dernier empereur moghol fut exilé, Karimuddin partit pour la ville voisine de Gaziabad où, contraint de multiplier les petits boulots, il vécut dans la misère. Cela ne l'empêcha pas d'apprendre la cuisine à ses fils, car il était convaincu que les recettes et le savoir-faire de la gastronomie royale constituaient un héritage précieux. C'est aujourd'hui la même cuisine que mangeait l'empereur Bahadur Sha Zafar que vous pouvez savourer dans ce restaurant où l'on vient de loin pour revivre l'art culinaire moghol. Seul petit bémol, et de taille pour ma personne, ce restaurant est non-végétarien. Dans une autre vie, j'ai certainement dû aimer la cuisine moghole.


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