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Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 29 - Tea Time dans le demeure d'un sadhu.TEA TIME & CHAR DHAM

Ce matin le temps est couvert, le vent du nord souffle légèrement, nous apportant un peu de fraîcheur venant des montagnes enneigés de l'Himalaya. Voulant boire un chai, je trouve la petite baraque à thé au bord du Gange, fermé. Je décide d'aller me promener sur la plage bordant le fleuve. Passant devant un petit temple dédié à Hanuman, le dieu singe, le disciple d'un sadhu m'appelle et me propose de venir boire un chai avec son maître qui était en train de prendre son repas dans une pièce assez sombre qui lui sert de cuisine, de salle à manger et de chambre à coucher.
Le sadhu m'invite à m'asseoir et demande à son aide me préparer un thé au lait épicé. Pendant qu'il mange, il ne parle pas, alors je l'observe. Le repas se fait sans cuillère ni fourchette, il n'utilise que sa main droite pour se saisir de ses aliments. La plupart des indiens utilisent la main droite, et elle seulement pour manger. La main gauche est réservée à la toilette, et en particulier à la toilette intime. On suppose que cet usage est d'origine musulmane : la main droite est celle qui tourne les pages du Coran et qui ne doit pas être souillée.
Me voyant observer les murs de sa chambre, il m'explique qu'au début de l'été, lorsque le Gange à augmenter de cinq mètre, l'eau a envahi sa pièce et est montée jusqu'au plafond, emportant toutes ses affaires. Lui se trouvait à Gangotri, non loin des sources du Gange, où il réside l'été, et quand arrive l'hiver, à la mi-novembre, il redescend à Rishikesh.
Gangotri est un lieu très connu en Inde car il fait partit du pèlerinage au Char Dham, quatre temples dispersés au pied de l'Himalaya où beaucoup d'ascètes hindous vont vivre sur ces endroits sacrés.

Si la religion est l'opium du peuple, alors l'Inde peut-être baptisé « le pays au milliard d'opiomanes ». Cette nation possède d'avantage de lieux de culte que d'établissements scolaires, universitaires et médicaux. La plupart des grands lieux sacrés sont établis au bord d'un fleuve, quand ce n'est pas le fleuve lui-même, de la source à l'embouchure, qui paraît marqué d'une protection surhumaine. L'Inde préfère le fleuve à la mer. Elle voit dans l'écoulement de l'eau, porteuse de fertilité comme de menace, une réserve de sentiments et de symbole inépuisable. La mer ne dit pas grand-chose aux indiens. Ils ne l'ont jamais célébrée, ni conquise. Elle est plus un obstacle qu'une amie.
Dans l'Inde, on demande aux hommes et aux femmes d'être pleinement conscient, dans leur corps et dans leur âme, de leur étroite parenté avec tout ce qui les entoure ; on leur apprend à saluer le soleil levant, l'eau des ruisseaux, la terre fertile, comme des manifestations de vérité vivante qui embrase aussi l'homme. On leur demande de se mettre en harmonie avec cet Univers dont ils font partie.

Les hindous fervents effectuent le très long pèlerinage au Char Dham, quatre anciens temples marquant les sources spirituelles des quatre fleuves sacrés de l'hindouisme : la Yamuna (Yamunotri), le Gange (Gangotri), la Mandakini (Kedarnath) et l'Alaknanda (Badrinath).
La Yamuna, second fleuve sacré de l'Inde, provient d'un lac gelé aux pieds des glaciers du Kalinda Parvat, à 4421 m. d'altitude, 1 km au-delà du temple. Devant le sanctuaire jaillissent des sources chaudes autorisées à la baignade (bassins séparés pour les hommes et les femmes) et d'autres où le pèlerins font cuire des pommes de terre et du riz qu'il offre au prassad.(Nourriture offerte à un maître ou à un dieu et redistribuée aux assistants).
Le Gange qui prend sa source à Gaumukh (gueule de vache) où des dévots et des courageux se baignent dans ces eaux glacées sorties tout droit des glaciers. À côté se dresse le rocher sur lequel Shiva aurait vu le Ganga (Gange) couler entre ses cheveux emmêlés. Le temple se trouve à une quinzaine de kilomètre en aval de la source, à Gangotri. Dans un cadre magnifique à 3042 m d'altitude, le temple fut édifé par le commandant gurkha Amar Singh Thapa au 18ème siècle.
Kedarnath est révéré comme source de la Mandakini, mais son temple est avant tout dédié à la bosse de Shiva (qui avait pris la forme d'un taureau) laissa derrière lui lorsqu'il plongea dans le sol pour échapper aux Pandava. La véritable source de la Mandakini se trouve à 12 km en amont de Kedarnath.
Le temple fut érigé au 8ème siècle par le gourou Shankara, inhumé derrière le sanctuaire. 100'000 pèlerins envahissent chaque année le village laissant derrière eux pas mal de détritus. Le site est placé sous de si bons auspices que certains se jetaient autrefois du haut de la falaise derrière le temple dans l'espoir d'accéder instantanément au moksha.(le salut, la délivrance du cycle incessant des réincarnations).
Et le dernier de ce long pèlerinage est Badrinath, source de l'Alaknanda, consacré à Vishnu, est le plus populaire des temples du Char Dham. Il bénéficie d'un cadre exceptionnel à l'ombre du Nilkhanta couronné de neige. Il fut fondé au 8ème siècle également par le gourou Shankara, mais l'édifice actuel au couleur vive est beaucoup plus récent.
Ces quatre lieux drainent des centaines de pèlerins pendant la saison du yatra (pèlerinage), d'avril en novembre. Les dates exactes d'ouverture des sanctuaires sont annoncées chaque année par les prêtres locaux.

Trois fois j'ai voulu me rendre à la source du Gange à Gangotri. Trois fois j'en ai été empêché ! La première fois par un tremblement de terre dont j'ai ressenti les secousses à Dharamsala, à 400 km de l'épicentre. La deuxième fois, des émeutes dans le nord de l'Inde empêchaient les bus de circuler et donc de pouvoir se déplacer. La dernière fois je suis arrivé à Gangotri à la mi-octobre et l'on venait de fermer le chemin de Gaumukh, car la neige était tombée en avance. De nombreux touristes avaient été pris au piège et l'armée avait dû intervenir pour rapatrier les gens qui étaient bloqués. Certains touristes, notamment des russes, avaient outrepassé leurs permissions qui étaient valables jusqu'à Gaumukh et l'armée dû utiliser des hélicoptères pour aller les rechercher. S'ensuivit ensuite en Inde une grosse polémique pour savoir qui devait payer dans ce genre d'intervention, est-ce l'armée ou les touristes imprudents. Résultat, on interdit aux étrangers de se rendre à la source du Gange et je l'ignorais car l'interdiction datait de 10 jours en arrière. Je ne désespère pas d'entreprendre une autre année ce pèlerinage dans une quatrième tentative !


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