uneparjour
/painquotidien-semaine.php
Site d'origine du message:
UneParJour - des photographes au quotidien

Page d'origine du message:

Destinataire: rédaction uneparjour et auteur de l'image

Concerne la photographie: upj_maxjacot1262

18 heures, je m'éloigne de la ville sur ma bicycletteau fond d'une ruelle, la rumeur me prend sous mon casque, et mes yeux sont envahis par des lueurs jaunâtres et mauves
au bout de la ruelle, l'espace semble en ébulition
mes pneus patinent dans la boue, je ralentis en approchant du portail en ferraille entrouvert sur ce chantier sourd et chaud
je m'arrête et me laisse capturer par ce grand corps vivant, murmurant, érotique, en transe
je ne peux me retenir de laisser monter les images de cérémonies religieuses sauvages

quelques heures plus tard, abondamment trempé par la pluie, j'entre dans la salle de concert
je traverse les corps, faufilant et bousculant jusqu'aux lueurs jaunâtres et mauves, la rumeur sauvage pénétrant mon corps et traversant les bouchons dont j'ai protégé mes oreiles
mes mains touchant la scène, je ressens longuement la puissance du bruit
puis mes yeux explorent, suivent des cables, des pieds de ferraille, des boîtes scotchées au sol, et plus loin une chaussure ridicule aux reflets mauves d'où s'élève une épaisse jambe nue lourdement secouée
plus haut une sorte de culotte de pijama, un t-shirt déformé par l'effort et la sueur
la tête du vieux batteur, sous des cheveux rares collés au crane, rayonne de passion…

au fond, la même boue que sur le chantier, la même noblesse épaisse que les ouvriers faisant charrette pour terminer le gros oeuvre
la même ébulition, le même grand corps vibrant d'une transe érotique

et surtout, je sens là tout ce qui manque cruellement à un occident du confort et du divertisement: la joie intense du ridicule dépassé dans la passion, le jeu théâtral avec la violence, et cette étonnante douceur dans le public - quand les corps fusionnent dans un événement sans stars et sans prétention, juste la musique et la pulsion, personne n'a plus rien à foutre de s'irriter contre son voisin qui lui marche sur les pieds…

évidemment les images seraient sublimes …
mais pas un seul instant je ne songe à sortir ma petite boîte technologique à images !
et j'en reste au respect de la "chose" et je laisse mon corps et ma pensée exister


Votre adresse email:

Sujet:

Message:





.
infrastructure netopera.net | contact max@maxjacot.com