Site d'origine du message: UneParJour - des photographes au quotidien Page d'origine du message: Destinataire: rédaction uneparjour et auteur de l'image Concerne la photographie: upj_maxjacot2535 je ne photographie pas...je parle avec la postière quand une sorte de coup de feu éclate derrière nous, contre la vitre de la cour rejeté à deux mètres de l'impact et tombé sur le béton, le pigeon hésite, pas bien haut sur ses pattes il tente de lever ses ailes, épaisses et molles comme le manteau fastueux et trop grand et trop lourd que l'enfant déplace avec peine dans son rôle du roi Lear aux promotions de l'école puis son cou se redresse d'un mouvement saccadé avec une certaine dignité on dirait qu'il joue l'empereur offusqué devant les manants qui l'ont destitué alors il s'affaisse doucement, toutes douleurs effacées, et reste là sans mouvement, collé au béton chaud mort je ne photographie pas son corps d'ex prince minable le problème avec la photographie est qu'elle peine à ouvrir des espaces multiples à la pensée, prisonnière du rendu de l'instant, éteinte par sa perfection technique et toujours guettée par la facilité du sensationnalisme (couchers de soleil sublimes, victimes attérées d'attentats, affairistes resplendissants de prétention, pigeons mourants dignement, décolletés de nanas trop arrangées ... bien peu de variations dans tout ça...) |