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Le Parloir: voir art therapie

Le Carré blanc des Art-thérapeutes

 

 

Les textes courts ne sont associés à aucun nom ou pseudo,  

ils s'affichent aléatoirement au sein du site et  

disparaissent au bout de peu de temps pour leur donner  

cette présence éphémère conforme à notre éthique. 

 

Au fond c'est ce choix de déposer une parole au centre  

du cercle des pairs qui fait sens et qui fait acte. 

 

 

signé Les Uneparjour et JR Obonaga 

Quand le piano tombe, le déménageur s'énerve.

Alors ils ont hissé un vieux piano au quatrième.
Une planche de chantier et le piano dessus.
Sur le rebord de la fenêtre. Ouverte.
Ce jour est un jour rempli de monde.
La fête est dans la petite rue.
Une partie a été vidée de corps.
Une barrière autour empêche.
Route et trottoir vidés.
Roulement de tambour et le piano glisse sur la planche jaune savonnée et le piano glisse dans l'air et le piano se disloque contre le goudron.

Le déménageur est calmé.

[le pogographe]

"Est-ce que tu te rends compte de ce que je dois travailler et bousculer en moi pour affronter une telle nuit ?"
Non, il ne se rend pas compte.

[la voiture était arrêtée au milieu de la station service désaffectée]
A l'origine de lui il il y a un tremblement
Il le dit presque clairement
Et à l'origine de moi ? Quoi ? Est-ce que je sais ? Est-ce que je fuis ?
Je suis femelle lui c'est un mâle, il ouvre son tremblement devant la femelle
C'est bon, c'est violent, c'est doux.
Est-ce que je dois renoncer à jouir de son tremblement ? et mon tremblement à moi ? Il doit rester cacher ?
...
[]
cette chose est une émotion .. je te la donne .. je veux enlever le masque .. on échange ? .. je sais pas .. il frotte le coussin .. je vais devoir t'emmener .. oui je la veux bien .. quoi ? .. la chose ..

[c'était il y a 2 semaines]

- Tout au début de ton corps cette peur devait bien exister non ?
Zézé me regarde avec consternation; je dois lui paraître stupide.
- Mais non me répond-elle en haussant les épaules, c'est moi qui ai fait tout ça.

[celui qui n'y comprend rien]

Dans cette pièce blanche avec grandes fenêtres les sièges ne sont pas confortables, nous restons souvent debout. Les corps sont plus libres et disent plus de choses.
Dans cette pièce il se passe des choses sauvages.
Dans cette pièce il se passe des choses domestiquées.

[un dispensaire dans un village]
Dans mes récits ?
Evidemment ! Je n'y ai pas mis d'émotions.
Puisqu'il n'y en avait pas.
Autrefois.
Ecoute l'Ange, arrête avec tes questions idiotes !
[l'homme sans nom]

il a apporté un oeuf
quand le grelot a sonné il s'est avancé
l'oeuf est passé de l'autre côté
par le trou du poncho
mais sans y passer sa propre tête
ensuite il y semblé plus calme
moi je n'y ai rien compris
Est-ce ça peut devenir dangereux d'être convaincues que l'expression libère ?
Cette fois le désordre fut plus utile
Le lieu et les corps ont été complexifiés ... se sont trouvés ...
Le lieu et les corps sont devenus plus complexes (multiples)
Plus de sens simple il n'y a plus de sens simple
Les significations simples disparaissent ou disparues
Quelqu'un à dit que maintenant on n'en savait plus.
Quelqu'un à dit: "maintenant on n'en sait plus sur les choses ... sur les corps ... sur l'inconnu
L'invisible se retrouvait moins loin de nous
En nous ?

c'est quoi lui ?
c'est quoi moi ?
est-ce qu'on est face à face ?
est-ce qu'on est dans un même lieu ?
est-ce le même lieu que celui où nos corps dessinent ... ou danse... ou crie ?

elle ne cesse jamais .. elle perturbe elle perturbe .. la classe rit .. elle sait faire déraper ... elle a du succès .. détresse respiratoire .. détresse respiratoire .. ah ne fais pas ça .. pas à sa place non .. les rires de plus belle .. pas à ma place ah non ! .. la machine est lancée .. mots sexuels .. détresse respiratoire .. détresse respiratoire .. tu peux pas dire comme ça .. ça ne va pas ... rires et rires et rires .. gestes saccadés .. y a plus de contôle ..

plus de contrôle!

[F ou P]

il avance on le voit bien
il est seul en apparence
il divise le silence
sans laisser de trace
il repasse la même bande
il efface les couleurs

nous entendons le bip dans sa tête
les mémoires s'enclenchent
l'activité augmente

l'écran peut-t-il s'illuminer ?

[l'homme sans nom]
Je n'ai pas peur. En général j'aurai même tendance à me montrer trop résistante face à la violence. Mais pourquoi quand il me parle d'avoir envie de jeter un coctkail molotov sur son exe qui a eu l'audace de lui mentir j'ai des sueurs froides et je le regarde avec tout le mépris dont je suis capable. Je pourrai me retenir, j'en serai aussi capable, mais je me dis que c'est mon devoir citoyenne. Pour la première fois dans cette récolte de violences qui dure depuis plusieurs semaines je dis : ‘J'espère bien que tu ne l'as pas fait'.
On a dessiné tant qu'on en avait encore envie
Elles ont voulu qu'on plie les feuilles
Elles ont dit comment
Elles ont demandé d'ouvrir les fenêtres
On a lancé les avions de papier dessiné
Ils ont tournoyé
"Les pilotes ont bu" a rigolé l'homme
Les passants levaient la tête
On leur faisait des signes
Des enfants ont emporté les avions
Voilà, le voyage commençait
Como en el preludio,
cada cosa que dijiste
se la llevó también el viento.

[]
Il a tenté un moment d'amener mon regard sur son tremblement.
Je savais que je devais détourner mon regard.
Les objets du dispositif nous regardaient.
J'aurais préféré qu'il ne nous regarde pas trop.
Lui il a voulu répondre aux objets.
On ne sait pas vers quoi vont les désirs des objets.

il n'y a pas de métaphore
rien que des couches de réel
au fond du fond tu tombes
sur le magique
et sur ta peur

juste une pelure à arracher
Est-ce que je dois me dédouaner juridiquement d'avoir écouté son fantasme. Au cas où il passe à l'acte. Et ce que ça va suffire à me déculpabiliser. Il lâche sa parole sur moi. Je lâche ma parole sur un avocat. Journaliste. Psy. Assistant social. Artiste. Yogi. Chaises musicale. Ainsi de suite jusqu'à l'acte réel. Ou pas. Agir pour dissoudre l'acte et que rien n'advienne réellement ? Espérer au fond que quelqu'un rompe la chaine ? Un autre.
Moi.
ah ... comment rendre les coups sans vraiment faire mal ? sans détruire ?
[]
Sur le canapé vert velours mon chat me regarde avec insistance. Que pense-t'il de tout cela? Le confinement, il connaît bien. Privé de sa liberté, il se love dans des coussins molletonnés pour oublier les hautes herbes et les souris bien grasses qu'il pourrait s'amuser à chasser ! Il est devenu docile et gras, mais ces yeux restent attentif aux moindres gestes. La seule certitude qu'il a, c'est que demain il recommencera. Ses mêmes allés et venues dans cet appartement. Il espionnera les voisins et attendra notre retour. Il entendra les cloches de l'église qui rythment le temps qui passe. Il ronronnera sous mes caresses avisées. Et quand il en aura assez, il s'en ira se lover sur le canapé vert velours en attendant que j'aille me coucher. Et au petit matin, son plus grand plaisir est de miauler pour me signaler qu'il est temps que j'aille bosser ! Pas de confinement pour l'espèce que je suis...
[]
Je n'ai pas pu m'empêcher de ramener son histoire de violence contre les racisés à mon expérience de femme. Je l'ai regretté ensuite.